REPÈRES DU PROGRAMME
Les repères sont des concepts, fonctionnant le plus souvent par paire, que les élèves de Terminale sont supposés maîtriser lors des épreuves du Bac.
Dans le cadre d’une dissertation, ils peuvent être utiles aussi bien pour analyser le sujet proposé (où ils peuvent figurer) que pour produire un plan de type analytique ou des arguments à l’intérieur d’une partie de votre développement.
Dans le cadre d’une étude de texte, ils peuvent figurer dans ce texte et sont alors nécessaires à sa compréhension.
Absolu / Relatif
- Absolu : ce qui ne dépend que de soi-même pour exister, ce qui dans la pensée comme dans la réalité ne dépend d’aucune autre chose et porte en soi-même sa raison d’être.
- Relatif : ce qui dépend d’un autre terme en l’absence duquel ce dont il s’agit serait inintelligible, impossible ou incorrect.
Exemple : Pour Einstein « le mouvement, du point de vue de l’expérience possible, apparaît toujours comme le mouvement relatif d’un objet par rapport à un autre ». Un objet ne peut être en mouvement que relativement à un autre objet qui sert de repère pour décrire ce mouvement. « Jamais on n’observe un “mouvement par rapport à l’espace“ ou, comme on dit, un mouvement absolu ».
Abstrait / Concret
- Abstrait : qui résulte de l’abstraction, c’est-à-dire du fait de séparer par la pensée une qualité ou une relation des objets (concrets) dans lesquels on les perçoit.
- Concret : qui est directement perceptible par les sens ; palpable, tangible, matériel.
Exemple : la «couleur rouge» est une abstraction car une couleur ne se présente jamais seule à la vue. Je vois une pomme rouge, une tomate rouge (objets concrets), mais jamais la «couleur rouge» qui est une idée abstraite, qualité commune à une série d’objets.
Analyse / Synthèse
- Analyse : opération de l’esprit consistant à décomposer un phénomène ou un concept en ses parties en montrant comment elles s’enchaînent. Analyser permet d’expliquer (en latin, explicare = déplier). L’analyse procède du complexe au simple.
- Synthèse : organisation dans un nouvel ensemble d’éléments jusque là séparés ou associés différemment. La synthèse permet de comprendre (étymologiquement «comprendre» = prendre ensemble). Elle procède du simple au complexe.
Exemple : l’analyse chimique d’une molécule détermine les atomes qui la compose. La synthèse chimique d’une molécule est sa formation à partir de ses composants atomiques.
Cause / Fin
- Cause : La cause est ce qui entraîne de façon nécessaire un effet. Le cause est ce qui doit exister pour que l’effet puisse exister.
- Fin : But recherché.
Exemple : La fin de la Révolution de 1789 était l’établissement de la République (l’une de ses causes était l’injustice du système monarchique).
Contingent / Nécessaire / Possible
- Contingent : ce qui pourrait ne pas être.
- Nécessaire : ce qui ne peut pas ne pas être.
- Possible : ce qui peut être c’est-à-dire qui n’est ni nécessaire ni impossible. Le réel est un cas particulier du possible.
- Impossible : ce qui ne peut être, soit parce qu’il est irréalisable, soit parce qu’il est contradictoire avec les lois de la nature.
Exemple : il est possible que j’aille au cinéma demain (ce n’est pas contradictoire avec le présent) mais il est contingent que j’y aille effectivement puisque je peux librement décider de ne pas y aller. Ce n’est ni nécessaire (je peux ne pas y aller), ni impossible (je peux y aller).
Croire / Savoir
- Croire c’est être persuadé de la vérité d’un énoncé sans en avoir de preuve ou de démonstration.
- Savoir c’est affirmer avec certitude en s’appuyant sur des preuves. Savoir, c’est être capable de rendre raison de ce qu’on affirme.
Exemple : La rhétorique (l’art oratoire) vise à séduire l’auditeur, à le persuader, à créer en lui des croyances, des opinions. La dialectique (technique du discours vrai, argumentation rationnelle) vise à convaincre, à créer un savoir.
Essentiel / Accidentel
- Essentiel : ce qui appartient à la nature d’une chose ce qui ne peut lui être ôté sans en rendre la définition incomplète, ambiguë.
- Accidentel : est accidentelle toute qualité fortuite d’un objet qu’on pourrait lui retirer sans le modifier fondamentalement.
Exemple : il fait partie de l’essence de l’homme d’être bipède ou d’être doué de raison. En revanche avoir les yeux bleus est un accident.
Expliquer / Comprendre
- Expliquer un phénomène, c’est en exposer les causes (en latin, explicare = déplier), comment il est produit. (Aspect analytique de la connaissance.)
- Comprendre suppose au contraire une saisie globale d’un phénomène (étymologiquement «comprendre» = prendre ensemble). (Aspect synthétique de la connaissance.)
Exemple : le physicien explique un phénomène naturel par ses causes, le psychologue comprend le suicide en saisissant le sens, l’intention de la victime.
En fait / En droit
- Fait : le fait est ce qui est, qu’on peut (ou qu’on a pu) observer.
- Droit : le droit est ce qui est légitime, ce qui devrait être, qui ne dépend pas des événements mais de règles, de lois.
Exemple : un « jugement de fait » se justifie par l’observation, il correspond à la réalité des faits porte sur ce qui est. Un jugement de droit se justifie par les lois, par la logique ou le droit, il est conforme aux lois, porte sur ce qui doit être.
Formel / Matériel
- Vérité formelle (ou syntaxique) : vérité théorique, produite par le langage (la logique) de manière non contradictoire (cohérence).
- Vérité matérielle (ou sémantique) : énoncé dont le contenu correspond à une réalité, à une «matière » extérieure au langage.
Exemple : Un raisonnement logique permet en mathématique d’aboutir à une vérité formelle. Dire qu’il fait beau aujourd’hui à tel endroit alors que c’est effectivement le cas est une vérité matérielle.
Genre / Espèce / Individu
- Genre : ensemble d’objets ou d’idées que leurs caractéristiques communes essentielles autorisent à regrouper sous la même dénomination générale.
- Espèce : sous-ensemble d’un genre défini par ses différences spécifiques avec les autres espèces du même genre.
- Individu : membres de l’espèce, tous différents, mais dont les différences restent accidentelles alors que ce qu’ils ont essentiellement en commun les font membres de la même espèce.
Exemple : chacun d’entre nous est un individu de l’espèce Sapiens du genre Homo.
Idéal / Réel
- Idéal : ce qui n’existe qu’à titre d’idée, que dans et par la pensée.
- Réel : ce qui existe concrètement, par opposition à l’apparence qui n’est qu’une représentation mentale du réel.
Exemple : un nombre est une idéalité puisque, hors de l’idée, dans l’expérience, on ne rencontre pas les nombres.
Identité / Égalité / Différence
- Identité : a) caractère de deux ou plusieurs êtres qu’aucun de leurs traits ne permet de distinguer (pas de différence qualitative)
b) caractère de ce qui, sous des aspects et dénominations divers, ne fait qu’un ou ne représente qu’une seule et même réalité (identité numérique, concrète)
c)caractère de ce qui demeure identique ou égal à soi-même à travers le temps (identité personnelle). - Différence : caractère qui, dans une comparaison, un ordre, distingue un être ou une chose d’un autre être, d’une autre chose.
- Égalité : a) le fait de ne pas présenter de différence quantitative (ex : égalité des salaires),
b)le fait de ne pas présenter de différence de qualité, de valeur (ex : égalité des chances).
Exemples : dire que tous les hommes sont égaux en droit, signifie qu’ils ont tous les mêmes droits devant la loi. Mais cela ne signifie nullement que nous sommes tous identiques : hommes et femmes diffèrent (génétiquement par leurs chromosomes XX / XY), chrétiens, musulmans ou juifs diffèrent (culturellement par leur religion), etc.
Intuitif / Discursif
- Intuitif : l’intuition est un mode de connaissance immédiate. Est donc intuitif ce qui se donne directement à la conscience. On parlera d’intuition sensible (connaissance immédiate de ce qui s’offre à nos sens) ou d’intuition intellectuelle ou rationnelle (connaissance immédiate des objets de la raison).
- Discursif : production du langage, du discours, du raisonnement.
Exemple : pour Descartes, l’intuition se caractérise par son évidence (immédiate, claire et distincte) et la déduction par sa nécessité logique.
Légal / Légitime
- Légal : ce qui est conforme aux lois d’une communautés humaine, au droit positif, c’est-à-dire au droit établi dans un État donné (sans souci d’universalité). La légalité, ce sont les lois, les codes tels qu’on les enseigne dans les facultés de droit.
- Légitime : ce qui est conforme à un idéal de justice.
Exemples : dans un État despotique, la torture peut être légale c’est-à-dire autorisée par la loi : cela ne la rend pas légitime c’est-à-dire juste. L’égalité des sexes n’est pas reconnue légalement dans certains États : elle est pourtant légitime.
Médiat / Immédiat
- Médiat : avec intermédiaire, ce qui est conditionné par autre chose ou dépend d’autre chose.
- Immédiat : sans intermédiaire.
Exemple : une intuition est immédiate, une connaissance requiert nécessairement la médiation du langage.
Objectif / Subjectif
- Objectif : qui existe en soi, indépendamment du sujet pensant. Plus généralement, est objectif ce qui fait référence à la réalité extérieure, indépendante des consciences.
- Subjectif : appartient au sujet percevant ou connaissant et non à l’objet perçu ou connu.
Exemple : pour communiquer, nous devons objectiver nos états mentaux subjectifs, les exprimer, les extérioriser par un comportement ou un discours qui pourra être compris par autrui.
Obligation / Contrainte
- Obligation : devoir que l’on se donne soi-même, compatible avec notre libre-arbitre, notre autonomie.
- Contrainte : devoir imposé par l’extérieur, par une limite, ou une force, une sanction.
Exemple : je me donne l’obligation de réussir le Bac, mais j’y suis contraint si je veux continuer des études.
Origine / Fondement (ou Principe)
- Origine : commencement de fait d’un processus. Cause première de ce qui en est un effet.
- Fondement : commencement de droit, point de départ logique d’un discours rationnel, d’une théorie, d’une science.
Exemple : La pollution industrielle est à l’origine de problèmes de santé. Les axiomes d’une théorie mathématique constituent son fondement.
Persuader / Convaincre
Dans les deux cas, il s’agit d’obtenir l’accord de l’autre.
- Persuader c’est faire appel aux émotions, aux affects ou aux préjugés de l’autre pour obtenir son accord. Nous sommes dans l’ordre de la manipulation.
- Convaincre c’est faire appel à la raison d’autrui, justifie par une argumentation rationnelle, donner des preuves, lui démontrer la vérité d’une proposition.
Exemples : la rhétorique est une technique visant à persuader. La diaectique est une technique visant à convaincre.
Ressemblance / analogie
- Ressemblance : Deux choses sont ressemblantes (ou semblables) si elles présentent des caractères identiques ou suffisamment proches pour conduire à les confondre.
- Analogie : une analogie (du grec analogia qui signifie proportion) est une mise en relation de type a/b = c/d (a est à b ce que c est à d). Ce ne sont donc pas les quatre termes qui sont comparés mais seulement les relations qui les unissent deux par deux.
Exemple : Un enfant peut ressembler à l’un de ses parents. Le souverain est à la nation ce que la tête est au peuple (Hobbes) constitue une analogie.
Théorie / Pratique
- Théorie : ensemble d’énoncés reliés logiquement, qui rendent compte rationnellement d’un groupe de phénomènes et décrivant un domaine d’objets.
- Pratique : ce qui concerne l’action, qu’elle soit morale, politique ou expérimentale.
Exemple : si dans l’Antiquité, l’opposition entre la théorie et la pratique est franche, dans le sens moderne au contraire la théorie explique le réel et permet donc, par la connaissance de ses lois, d’agir sur lui, de le transformer.
Transcendant / Immanent
- Transcendant : ce qui est au-delà du domaine où l’on se place et d’une autre nature.
- Immanent : intérieur à l’être, à l’acte, à l’objet de pensée que l’on considère.
Exemple : Dieu, dans le christianisme, est transcendant au monde. Il se trouve dans un au-delà de ce monde qu’il a créé. Pour le panthéisme, dieu et la nature sont une même chose : dieu est donc immanent, présent dans l’expérience humaine.
Universel / Général / Particulier / Singulier
- Universel : qui vaut pour tous les individus d’une classe d’objets dans aucune exception.
- Général : qui vaut dans la majorité des cas mais peut admettre quelques exceptions. Qui vaut pour tous les éléments d’un genre.
- Particulier : qui vaut pour quelques cas.
- Singulier : qui vaut pour un seul cas.
Exemples :
« Tous les hommes sont mortels » est une proposition universelle.
Les lois d’un État sont générales. Elles ne valent pas pour d’autres États.
« Quelques hommes sont barbus » est une proposition particulière.
Dans l’art classique, la singularité d’une œuvre déterminait sa valeur.